Le Dédé des Molasses
2004. Pour l'anniversaire de "Dédé", menuisier-ébéniste du lieu-dit les Molasses

Sur l'air de "Le gorille" de Georges Brassens

Tête de gorille

On l’avait déjà classifié
Dans les espèces disparues
Mais moi j’ai dis : " Faut pas s’y fier
J’en connais un au coin de ma rue ".
Un ethnologue très réputé
En donna confirmation
Alors le maire, le député
Crièrent avec jubilation

" C’est un Dédé-é-é, Dédé des Molasses "

Tout le monde se précipite
Voir l’animal en sa cahute
Même une vieille décrépite
Et un riche amateur d’art brut
Certes il était un peu usé,
Décati, mais plus captivant
Que ceux que l’on voit au musée
Car enfin il semblait vivant.

" C’est un Dédé-é-é, Dédé des Molasses "

Ah ! soupirait la centenaire
Je pourrais en faire mon élu
Il n’est pas extraordinaire
Mais au moins il est bien velu.
Le riche amateur impassible
Pensait " Dans un tel cabanon,
Trouver de l’art, c’est impossible "
La suite lui prouva que non.

" C’est un Dédé-é-é, Dédé des Molasses "

Supposez qu’un de vous puisse être
Comme le Dédé obligé de
Combler un riche ou une ancêtre
Lequel choisirait-il des deux ?
Qu’une alternative pareille
Un de ces quatre jours m’échoit
C’est, j’en suis convaincu, la vieille
Qui sera l’objet de mon choix

" C’est un Dédé-é-é, Dédé des Molasses "

Mais par malheur si le Dédé
Est un excellent artisan
Ce n'est guère dans ses idées
Que d'essayer d'être galant
Lors au lieu d’opter pour la vieille
Même s’il n’était pas très épris
Il saisit l’escroc à l’oreille
Lui murmura " J’te fais un prix "

" C’est un Dédé-é-é, Dédé des Molasses "

" Vois ce crampon, vois cette aïeule,
Si jamais tu m’en débarrasse,
Je te f’rais même un truc à l’œil,
Foi de Dédé des Molasses "
A peine eut-il pris son rabot
Que l'on vit le fauteuil roulant
Poussé dans la pente à tombeau
Ouvert dès le prochain tournant.

" C’est un Dédé-é-é, Dédé des Molasses "

La foule criait " Encore, encore ! "
Mais le Dédé imperturbable
Voulant respecter son accord
Etale ses outils sur la table
Scies et marteaux, colles et chevilles
Gouges et riflards, même un trusquin
Un vieil étau et quelques vrilles
Enfin tout le saint-frusquin.

" C’est un Dédé-é-é, Dédé des Molasses "

La suite, hélas, fût ineffable
Les mots me manquent pour la dire
J’en aurais écris une fable
Dont la morale vous inspire
Car avec quatre bouts de bois

Il fit un chef-d’œuvre sous peu
Ne le laissant voir qu’une fois
Puis aussitôt y mis le feu !

" C’est un Dédé-é-é, Dédé des Molasses "